Chez ma coiffeuse

483355_329943917089855_873942050_nPhoto by Sophie Ausilio : Coiffures de femmes, parures d’amour.

 

L’urgence est au bonheur.

Hier soir encore j’hésitais …

Quelle indécence à dire tout fort le plaisir de la futilité.

Et pourtant à bien y réfléchir, dans certains pays, les femmes n’ont même pas le droit d’aller seule dans la rue sans se mettre en danger. Moi j’ai le droit d’aller, j’ai le droit de flâner, j’ai le droit de dire le plaisir de la légèreté.

Chez ma coiffeuse.

J’ai eu longtemps la phobie des coiffeurs.

Que voulez-vous ! La coupe au bol que les coiffeurs allemands se sont appliqués à ciseler sur ma tête pendant ma tendre enfance aurait pu me valoir vingt ans de thérapie. Je m’en suis mieux sortie. J’ai survécu, pas coiffée, les cheveux en bataille, la frange en escalier. Jusqu’au jour où je suis rentrée chez Céline. Hasard du moment, bonheur qui perdure.

Vous connaissez ce film « Vénus Beauté » ? Quand la porte s’ouvre, une musique de harpe que j’imagine jouée par la Marraine de Peau d’âne vous met le cœur en éveil. Et bien là-bas, dans mon charmant salon de coiffure, la musique n’existe pas mais quand vous passez la porte, quatre sourires vous régénèrent et alors c’est comme si la musique à la harpe s’invitait dans votre tête. Tout y est feutré, on vous parle avec amabilité, sans emphase, juste avec simplicité et générosité. On vous installe, on vous propose un café et on ne vous fait la conversation que si vous en avez envie.

Et moi la traumatisée du coupe-tif, l’angoissée du ciseau, la revêche qui s’est toujours demandée ce qu’elle pouvait raconter, je me surprends à me laisser aller, à discuter, à écouter et à les regarder avec amitié. Halo de douceur…

Après la couleur, vous passez au bac et là bonheur profond, on vous masse la tête. Voilà qui vous détend… Je dis toujours « merci », je voudrais dire « encore » mais là mes parents m’ont bien éduqué alors je n’ose le prononcer.

Puis Céline m’accueille et me voilà propulsée de l’autre côté du salon. Et selon mes envies, l’amour me fait les couper, l’été les blondir, la sérénité demande à les faire pousser, Céline comprend toujours ce que vous voulez. Parfois j’avoue, je revendique, réminiscence du coiffeur allemand qui soudain ressurgit : « Pas de brushing, « la frange comme ci », « la couleur comme ça », Céline alors sourit. De toute façon elle sait tout faire, respectueuse qu’elle est, de vos choix, vos envies, vos angoisses du moment. Parce que voyez-vous, cette femme là ne voit pas que votre crâne, elle écoute votre âme. Et pendant que je me transforme sous ses doigts de fée, y’a comme un petit air de bonheur qui flotte avec légèreté.

 

27 Comments

  1. Quelle coïncidence! J’étais chez le coiffeur avec ma mère aujourd’hui… on était là à une heure creuse et on a pas mal discuté avec les quatre coiffeurs et coiffeuses qui étaient là… on a rigolé… on a même choisi la musique et chanté en cœur dessus ! C’était sympa! 🙂

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  2. Nous vivons tous d’étranges histoires avec nos coiffeurs,
    j’ai des souvenirs de réels traumatismes, le pire étant une permanente à la Heïdi hideuse qui me laissa sans voix…J’avais 16 ans, ma vie était finie!
    Et puis il y a les artistes, ceux qui vous font aimer l’art et le métier de coiffeur
    J’ai un très bon coiffeur, pour une femme c’est capital!
    Merci Sophie pour ce récit, il respire le bien-être et l’importance de prendre soin de soi
    Bise

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